Le Larousse Médical nous dit que la ludothérapie est une méthode de traitement de certaines pathologies mentales et psychiques par le jeu.
On sait l’importance du jeu non seulement dans les activités sociales et culturelles de l’adulte et du sénior, mais aussi dans le développement de l’enfant. Et d’après Mélanie KLEIN, psychanalyste autrichienne (1882-1960) pionnière de la psychanalyse des enfants, le jeu sert à maîtriser les situations d’inquiétude et d’anxiété, en recréant symboliquement, les conditions d’un traumatisme ou d’un conflit. L’adulte peut tout autant bénéficier de cet apport thérapeutique et le sénior plus particulièrement.
Le jeu comme intention de soins en EHPAD
Dans sa thèse de juillet 2018 en vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences de l’Education, Cédric GUEYRAUD traite du thème « Jeu et maladie d’Alzheimer » et plus précisément :
« Le jeu libre comme intention de soin en direction de résidents d’EHPAD atteints de la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés »
Cette thèse adossée à l’étude LUDIM https://www.youtube.com/watch?v=YKLK6oGH7eE ainsi qu’aux travaux du FM2J (Centre national de Formation aux Métiers du Jeu et du Jouet) nous ont servis dans le cadre du développement de GenaApp et plus particulièrement pour les jeux faisant appel à la mémoire, à l’émotion ou aux souvenirs heureux dans le but de stimuler les facultés cognitives :
- L’attention
- La mémoire
- Les fonctions exécutives
- Les fonctions visuo-spatiales et du langage
Nous travaillons d’ailleurs en collaboration avec ALLEGRO (Angers Living Lab en GéRiatrie hOspitalière) au CHU d’Angers pour que notre application soit développée avec les séniors pour les séniors. Et nous construisons un partenariat constructif autour des gérontechnologies au sein du Living Lab.

(Crédit photo : Catherine Rouger-Jouannet - CHU Angers)
Les méthodes et outils utilisés pour l’étude pilote
Comme l’indique Cédric GUEYRAUD dans l’introduction de la partie 2 de sa thèse : « Les questions de la qualité de vie, de la prise en charge des symptômes psychologiques et comportementaux, de la stimulation cognitive et fonctionnelle, du maintien de la relation et plus largement de la condition humaine des résidents d’EHPAD atteints de la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés cherchent de plus en plus de réponses dans les approches non pharmacologiques. »
« Cette partie a pour but de démontrer l’importance du jeu libre auprès des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs, de le valoriser, pour l’inscrire à part entière dans une démarche de soin. »
Pour mesurer les impacts positifs du jeu, la sélection (dans l’étude) s’est faite autour de différentes catégories et proposés par le système ESAR.
« Pour rappel, développé par D. Garon (2002), ce système est directement inspiré des travaux J. Piaget (1994) et regroupe l’ensemble des objets ludiques en 4 grandes catégories en fonction des stades d’intelligence concernée.
Les jeux d’exercice sont des supports faisant appel à l’intelligence sensori-motrice. Les jeux symboliques sont rattachés au stade représentatif, les jeux de règles font appel, selon leur niveau de difficulté, au raisonnement concret ou au raisonnement formel. Enfin, les jeux d’assemblage ne correspondent pas à un stade de développement mais peuvent solliciter un ou plusieurs des stades évoqués selon la difficulté des techniques. »

(Source thèse p148)

(Source thèse p149)
Un temps a été donné aux professionnels pour évaluer les séances de jeux des résidents. Il a permis aux professionnels d’évaluer à la fois le cadre mis en place et la participation des résidents.
Les soignants ont évalué la pertinence des objets, de l’aménagement et de leur rôle durant la séance pour les faire éventuellement évoluer.
Un impact positif et statistiquement significatif de l’étude pilote
L’étude LUDIM s’est déroulée ainsi :

(Source thèse p163)
Pour la réaliser, six stagiaires psychologues, inscrits en Master 1, ont été recrutés pour remplir les cahiers d’observation. Ils ont été encadrés par un neuropsychologue du CRC pour être formés à chaque outil et affectés à un établissement.
Voici le recueil des données de l’étude :

(Source thèse p173)
Les participants de l’étude étaient en moyenne âgés de 86 ans (+/-6) avec un MMSE moyen
de 9 (+/-5), correspondant à un stade sévère de démence 77. 79 % des participants (soit 43
résidents) étaient des femmes.
Résultats en lien avec la qualité de vie et les interactions sociales :

(Source thèse p174)
Les résultats d’une façon globale révèlent que :
- Le jeu peut présenter des intérêts culturels, éducatifs, sociaux et thérapeutiques pour les personnes âgées. Et aussi s’articuler à une démarche de prise en soin.
- Le cadre du jeu libre repose essentiellement sur des critères de sélections d’objets adaptés aux compétences, désirs et besoins des participants et sur des principes d’aménagement offrant protection et lisibilité de l’espace. La posture du soignant, dans sa capacité à observer, à être disponible et flexible, est également un pilier majeur d’une médiation par le jeu.
- L’étude pilote laisse entrevoir un impact positif et statistiquement significatif (p<0,05) du jeu libre sur la qualité de vie, le bien-être et la diminution des troubles du comportement (échelle subjective) durant les séances mais sans résultat significatif en dehors des séances (NPIes). Les soignants considèrent également l’outil proposé comme adapté à la population concernée et à leurs pratiques professionnelles.
Pour conclure
- En parallèle de la recherche et de la prise en charge médicales, le jeu permet une intervention non médicamenteuse pour ralentir et lutter contre les symptômes psychologiques et comportementaux comme Alzheimer ou troubles apparentés.
- Comme le précise Cédric GUEYRAUD dans sa propre conclusion : « Objet culturel, le jeu se rattache inévitablement au social. Les différents types de jeux exigent des compétences sociales très différentes. Et sous réserve d’avoir accès à cette diversité, le jeu peut faciliter le lien social en le redéfinissant à partir de formes plus arbitraires. Aussi, le jeu est aussi un véritable outil de communication. Il offre une possibilité d’expression particulièrement intéressante au regard des difficultés de langage souvent présentes chez cette population. »
Chez GENA, nous ne pouvons que confirmer. La ludothérapie est instaurée pour améliorer la concentration et la mémoire chez le sénior. Nos jeux sont prévus pour stimuler leurs fonctions cognitives.

Dans le jeu « Le passé de… » (Annette ici NDLR), le joueur travaille sa mémoire. Le sénior la travaille grâce aux événements personnels festifs qu’il a vécu. Il peut s'agir de naissances, mariages, fêtes d’anniversaires, entremêlés sur la frise chronologique de dates historiques. Jacques CHIRAC élu président, Les bleus champions du monde de football en 1998 etc…
Anthony H
Le 13/05/2024
